Le corps, ce grand oublié de la santé mentale

Pendant longtemps, la médecine a séparé la santé mentale de la santé physique, comme si le cerveau vivait en vase clos. Aujourd’hui, les découvertes scientifiques bouleversent cette vision.

Les émotions, les pensées et les déséquilibres psychiques ne se limitent pas à des phénomènes « dans la tête » : ils s’enracinent dans la biologie du corps, dans notre immunité, notre alimentation et même dans les micro-organismes qui vivent dans notre intestin.

L’inflammation cérébrale : un feu silencieux qui altère l’humeur

Les études les plus récentes confirment le rôle de l’inflammation chronique de bas grade dans de nombreux troubles de l’humeur.

Lorsqu’elle s’installe, elle perturbe la communication entre les neurones, réduit la neuroplasticité (la capacité du cerveau à s’adapter) et dérègle la production de neurotransmetteurs tels que la sérotonine ou la dopamine.

Résultat : baisse de la motivation, troubles de la concentration, fatigue mentale et sentiment de vide émotionnel.

Certaines molécules anti-inflammatoires naturelles produites par notre organisme, (comme l’interleukine-10), semblent capables de restaurer partiellement ces fonctions lorsqu’elles sont réactivées. Cette découverte ouvre la voie à des approches thérapeutiques innovantes, basées sur la modulation de l’inflammation plutôt que sur la simple correction chimique des neurotransmetteurs.

Notre intestin abrite plusieurs centaines de milliards de micro-organismes qui dialoguent en permanence avec le cerveau via le nerf vague et les voies immunitaires. Ce dialogue, appelé axe intestin-cerveau, joue un rôle clé dans la régulation de nos émotions.

Lorsque le microbiote est déséquilibré (dysbiose), certaines bactéries bénéfiques disparaissent, favorisant l’inflammation et affaiblissant la barrière intestinale. Cette fragilisation peut, à son tour, rendre la barrière du cerveau plus perméable et le rendre vulnérable à des signaux inflammatoires.

Des études récentes montrent qu’une perte de diversité bactérienne, notamment celle des espèces productrices de butyrate (un acide gras essentiel à la santé intestinale) est fortement corrélée à la dépression. À l’inverse, une alimentation riche en fibres, en polyphénols et en nutriments antioxydants, ainsi que l’utilisation ciblée de probiotiques, favorisent un microbiote équilibré et un meilleur équilibre émotionnel.

La nutrition : une clé métabolique pour le cerveau

Le cerveau ne représente que 2 % du poids du corps, mais consomme environ 20 % de notre énergie. Il a besoin de nutriments précis pour fonctionner de manière optimale.

Un apport insuffisant en vitamines du groupe B, en fer, en zinc, en magnésium ou en oméga-3 peut ralentir la production des neurotransmetteurs, amplifier le stress oxydatif et aggraver les troubles de l’humeur.

De plus, une alimentation ultra-transformée ou trop riche en sucres simples favorise l’inflammation et déstabilise l’équilibre du microbiote. À l’inverse, une alimentation anti-inflammatoire et variée, riche en végétaux colorés, en fibres et en bons gras, soutient à la fois la santé cérébrale et émotionnelle.

La santé mentale ne peut plus être envisagée sans tenir compte du corps. Les approches les plus prometteuses associent aujourd’hui accompagnement psychologique, nutrition, micronutrition, activité physique adaptée et régulation de l’inflammation.

Cette vision intégrative replace le corps au cœur du processus de guérison : un corps qu’on écoute, qu’on nourrit, qu’on apaise.

C’est peut-être là que commence la véritable santé mentale : dans la réconciliation entre ce que nous pensons et ce que nous ressentons.

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Ménopause : le grand reset du cerveau féminin

Longtemps perçue comme une période de déclin, la ménopause est aujourd’hui revisitée à la lumière des neurosciences. Les travaux de la Dr Lisa Mosconi, neuroscientifique et directrice du Women’s Brain Initiative à Weill Cornell Medicine (New York), montrent que cette étape n’est pas la fin de la vitalité cérébrale, mais bien une phase de recalibration profonde du cerveau féminin.

Je trouve cette vision passionnante car elle redonne du sens à une étape de vie souvent redoutée : le cerveau ne s’éteint pas, il se réorganise.

1. Un changement neurobiologique majeur

Les recherches d’imagerie cérébrale de Lisa Mosconi ont permis de suivre des centaines de femmes avant, pendant et après la ménopause. Ses études combinant IRM, spectroscopie et TEP montrent que le métabolisme du glucose cérébral, c’est-à-dire la capacité du cerveau à utiliser le sucre comme carburant, diminue temporairement pendant la périménopause.

Cette baisse s’accompagne d’une réduction de matière grise dans certaines régions clés, notamment l’hippocampe et le cortex préfrontal. Ce phénomène explique les troubles de mémoire, les difficultés de concentration ou le fameux « brouillard mental ».

La bonne nouvelle, c’est qu’après la ménopause, le cerveau retrouve un équilibre. Le métabolisme se stabilise, certaines zones récupèrent du volume, et les fonctions cognitives s’améliorent. Ces fluctuations ne traduisent donc pas un déclin irréversible, mais une transition énergétique comparable à une mue biologique.

2. Le rôle essentiel des œstrogènes dans le cerveau

On oublie souvent que le cerveau est un organe hautement hormonodépendant. Les œstrogènes n’agissent pas seulement sur les ovaires : ils régulent la communication entre les neurones, la production d’énergie par les mitochondries et la plasticité synaptique.

Des études récentes utilisant des traceurs spécifiques des récepteurs aux œstrogènes montrent qu’en péri- et post-ménopause, la densité de ces récepteurs augmente dans plusieurs régions cérébrales. Ce mécanisme de compensation permet de maintenir un certain équilibre malgré la chute hormonale.

Lisa Mosconi parle à juste titre d’une « reprogrammation hormonale du cerveau » : un processus adaptatif, parfois déstabilisant sur le moment, mais qui conduit vers plus de stabilité émotionnelle, de clarté et de résilience.

3. Une fenêtre de vulnérabilité… mais aussi d’opportunité

La ménopause marque une période critique où le cerveau devient plus sensible à certains déséquilibres métaboliques : résistance à l’insuline, inflammation chronique de bas grade ou dysfonction mitochondriale. Ces mécanismes sont impliqués dans les maladies neurodégénératives, dont Alzheimer.

Certaines femmes, notamment celles porteuses du gène APOE ε4, présentent une vulnérabilité accrue. Pourtant, cette période peut aussi devenir une opportunité : une phase où l’on peut agir de manière préventive et durable, en soutenant le métabolisme cérébral par des leviers nutritionnels, hormonaux et comportementaux adaptés.

4. Les leviers protecteurs validés par la recherche

Plusieurs études confirment qu’un mode de vie cohérent sur le plan métabolique et inflammatoire peut soutenir la santé du cerveau à la ménopause.

L’alimentation de type méditerranéen ou MIND, riche en polyphénols, acides gras oméga-3 et fibres, améliore le métabolisme cérébral et réduit l’inflammation. L’activité physique régulière stimule la neurogenèse, augmente le flux sanguin cérébral et améliore la sensibilité à l’insuline. Le sommeil et la gestion du stress jouent également un rôle essentiel pour maintenir la plasticité neuronale et réduire la charge cortisolique.

Enfin, une prise en charge individualisée de l’équilibre hormonal peut être envisagée, à condition d’être initiée dans la bonne fenêtre temporelle, sous supervision médicale, et adaptée à chaque profil de risque.

5. Vers un cerveau plus stable et plus confiant

Les données issues des travaux de Lisa Mosconi invitent à revoir complètement notre regard sur la ménopause. Le cerveau post-ménopausique n’est pas un cerveau fatigué, mais un cerveau reconfiguré.

L’amygdale, centre de la régulation émotionnelle, tend à devenir plus calme. Les circuits de la mémoire et de la prise de décision gagnent en stabilité. De nombreuses femmes rapportent, après cette phase de transition, une plus grande clarté mentale, un sentiment de confiance et une forme d’énergie plus apaisée.

Ce que nous appelons souvent “baisse de vitalité” correspond en réalité à une adaptation biologique complexe, qui mène vers un nouvel équilibre. Après avoir été gouverné par les fluctuations hormonales, le cerveau entre dans une phase d’efficacité et de sérénité fonctionnelle.

La ménopause n’est pas une fin, mais le passage vers un nouvel équilibre neuro-hormonal. Comprendre cette transition permet d’accompagner les femmes avec bienveillance et précision scientifique.

Prévenir les troubles cognitifs et émotionnels, soutenir la fonction mitochondriale par la nutrition, aider à la régulation hormonale naturelle ou médicale : voilà les piliers d’un accompagnement moderne et éclairé.

Il est temps de voir la ménopause non plus comme une perte, mais comme une période de réinitialisation cérébrale, une renaissance physiologique et émotionnelle.

Ce que je trouve fascinant dans ces découvertes, c’est la cohérence entre la science et ce que j’observe chaque jour dans ma pratique.

Lorsque le corps change, il n’est pas en train de “lâcher”, il cherche à retrouver un nouvel équilibre. Et lorsque l’on soutient ce processus avec la nutrition, la micronutrition, la respiration, ou encore l’écoute du corps, on accompagne cette réorganisation en douceur.

Les femmes qui traversent la ménopause sans se juger, mais en s’observant avec curiosité et respect, deviennent souvent plus alignées, plus lucides, et plus solides. Ce n’est pas une coïncidence : leur cerveau aussi a évolué.

La ménopause n’est pas un arrêt, c’est une métamorphose. Et comme toute métamorphose, elle demande du temps, de la compréhension… et un peu de bienveillance envers soi.

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1,5 l d’eau : Une règle imprécise pour s’hydrater

Le conseil classique de boire 1,5 L d’eau par jour, bien qu’utile, est trop général et ne prend pas en compte des paramètres essentiels tels que le moment de consommation, les besoins physiologiques spécifiques, et les conditions environnementales. En effet, les besoins en eau varient en fonction de nombreux facteurs comme l’âge, le niveau d’activité physique, la température ambiante, et même l’alimentation.

Le matin: Après une nuit de jeûne hydrique d’environ 7 à 8 heures, le corps entre dans un état de légère déshydratation. Durant le sommeil, il continue de perdre de l’eau par la respiration et la transpiration. Boire un verre d’eau le matin (250 à 500 ml) non seulement réhydrate l’organisme, mais aussi stimule la fonction rénale et le métabolisme. Des études ont montré que cette pratique peut augmenter le taux métabolique basal de 24 à 30 % sur une période de 30 à 40 minutes, favorisant ainsi une meilleure régulation des processus physiologiques au réveil.

Au cours de la journée: Une hydratation régulière en petites quantités est importante pour maintenir l’homéostasie corporelle. Boire par gorgées permet une meilleure absorption de l’eau au niveau cellulaire, tandis qu’une consommation excessive en une seule fois peut entraîner une diurèse rapide, limitant ainsi la rétention d’eau par les cellules. Il est recommandé de viser une consommation d’environ 150 à 250 ml toutes les 2 à 3 heures, ajustée en fonction de l’activité physique et de l’environnement (par exemple, augmenter l’apport en eau lors d’une activité sportive intense ou par temps chaud). L’eau participe également à l’équilibre électrolytique, au transport des nutriments, et à l’élimination des déchets métaboliques via les reins.

Avant les repas: Boire un verre d’eau (environ 200 à 300 ml) 30 minutes avant les repas est une pratique courante pour favoriser la digestion en stimulant la sécrétion des sucs gastriques. Cette hydratation pré-prandiale a un rôle clé dans la préparation du système digestif à recevoir et métaboliser les aliments. Cependant, il est déconseillé de boire de grandes quantités d’eau pendant les repas, car cela pourrait diluer les enzymes digestives telles que l’amylase salivaire et la pepsine gastrique, retardant ainsi la dégradation des nutriments et l’absorption des macronutriments essentiels. Une hydratation excessive pendant les repas peut également ralentir la vidange gastrique.

Le soir: Il est important de maintenir une hydratation équilibrée en soirée, mais il convient de la moduler pour éviter des perturbations du sommeil dues à des réveils nocturnes fréquents. La consommation d’environ 150 à 200 ml d’eau dans les heures qui précèdent le coucher est suffisante pour éviter une déshydratation nocturne sans provoquer de surcharge liquidienne dans la vessie. Cette hydratation doit aussi être ajustée en fonction des facteurs comme la température corporelle et la prise de repas salés ou épicés, qui augmentent la soif.

L’apport hydrique recommandé ne doit pas être uniformisé pour tous. Les besoins varient selon le sexe, l’âge, l’activité physique, l’indice de masse corporelle (IMC), et même la composition alimentaire. Par exemple, une alimentation riche en fruits et légumes fournit une part non négligeable d’eau (jusqu’à 20-30 % des besoins hydriques quotidiens). Les femmes enceintes, allaitantes ou les personnes âgées, ainsi que les athlètes, doivent ajuster leur apport en eau pour compenser des pertes hydriques accrues.

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