Quand un animal tombe malade, il ne lance pas un débat intérieur sur le nombre idéal de repas par jour. Il s’arrête spontanément de manger, se met au calme, boit un peu, dort beaucoup et laisse son organisme travailler.
Instinctivement, il applique un principe physiologique très simple: Quand la digestion est au repos, l’énergie (et donc le flux sanguin, les hormones, les enzymes) peut être redirigée vers d’autres fonctions vitales (immunité, réparation tissulaire, régulation de l’inflammation).
Chez l’être humain, c’est la même biologie, mais nous avons désappris à l’écouter. À chaque fois que nous mangeons, le corps doit mobiliser une énorme logistique.
Le système digestif s’active, le pancréas sécrète de l’insuline, le foie traite les nutriments, l’intestin filtre et trie ce qui est utile et ce qui doit être éliminé.
Cette activité demande de l’oxygène, des enzymes, des vitamines, des minéraux et une bonne partie de notre énergie disponible.
Quand on est malade, cette énergie serait bien plus utile pour
- soutenir le système immunitaire
- réparer les tissus
- éliminer les toxines et les déchets produits par l’inflammation
Si, dans ces moments délicats, on ajoute des repas lourds, gras, sucrés ou ultra transformés, on détourne une partie de la force vitale vers la digestion, au lieu de la laisser entièrement disponible pour la guérison.
Sur le plan physiologique, cela a du sens de réduire (ou parfois de suspendre) les apports alimentaires pour laisser le corps se concentrer sur l’essentiel.
Le mot jeûne déclenche pourtant beaucoup de réactions émotionnelles.
Beaucoup de personnes le critiquent sans jamais l’avoir pratiqué, simplement parce qu’elles ont lu un article alarmiste dans un magazine ou parce que cela sort de ce qu’elles considèrent comme la normalité. Or, le jeûne, ce n’est pas un délire New Age. C’est un état biologique prévu par notre organisme !!
Au bout de quelques heures sans apport alimentaire, le corps commence à
- faire baisser l’insuline
- utiliser le glycogène stocké dans le foie
- mobiliser progressivement les graisses de réserve
- activer des mécanismes de nettoyage cellulaire (ce que l’on appelle l’autophagie), qui permettent de recycler et d’éliminer ce qui est abîmé ou inutile
Ce mécanisme d’autophagie est tellement central pour notre santé qu’il a été mis à l’honneur par un prix Nobel de médecine en 2016, récompensant les travaux qui ont précisément montré comment nos cellules se nettoient et se régénèrent de l’intérieur.
Je m’étonne d’ailleurs que l’on en parle si peu, alors que l’on consacre tellement de place aux « régimes ou méthodes miracles » et aux dernières modes alimentaires, en oubliant ces processus de base qui soutiennent réellement la longévité et la réparation.
Ce basculement énergétique est un mouvement naturel, prévu pour alterner avec les périodes où l’on mange. Ce qui est récent dans l’histoire, ce n’est pas le jeûne, c’est le fait de manger tout le temps, du matin au soir, sans aucun vrai repos digestif.
Un point intéressant, rarement questionné par ceux qui critiquent le jeûne, concerne justement le fameux petit déjeuner. Beaucoup défendent bec et ongles l’idée qu’il faudrait impérativement manger dès le réveil, même sans faim réelle. Pourtant, peu de gens se demandent d’où vient cette croyance.
Pendant des siècles, la plupart des populations prenaient un premier repas plus tard dans la matinée ou à la mi journée. Le “petit déjeuner” moderne, sucré, céréales prêtes à l’emploi, tartines, pâte à tartiner, jus de fruits, est largement issu
- de l’organisation du travail (horaires fixes, journée structurée par l’usine ou le bureau)
- du développement de produits industriels faciles à consommer rapidement
- d’un marketing très efficace qui a martelé que « petit déjeuner est le repas le plus important de la journée »
Ce modèle ne s’est pas imposé parce que notre physiologie l’a demandé, mais parce que notre société en avait besoin et que certains secteurs y ont trouvé un intérêt économique. Pourtant, ce sont souvent les mêmes personnes qui jugent le jeûne dangereux, sans jamais interroger l’historique et la pertinence de ce premier repas chez des personnes qui n’ont simplement pas faim au réveil.
Cela ne signifie pas que tout le monde doit jeûner, ni que le petit déjeuner est mauvais par principe. La science nous montre surtout que
- la qualité de ce que l’on mange compte plus que le nombre exact de repas
- les périodes de repos digestif favorisent une meilleure sensibilité à l’insuline, un meilleur équilibre inflammatoire et un meilleur fonctionnement cellulaire chez beaucoup de personnes
- le corps n’a pas besoin d’être “rempli” en continu pour rester en vie, bien au contraire
Évidemment, certaines situations nécessitent de la prudence (grossesse, troubles du comportement alimentaire, certaines pathologies métaboliques ou traitements médicamenteux). Le jeûne doit alors être adapté, accompagné ou parfois évité. La nuance est essentielle. Mais rejeter ce principe en bloc, uniquement parce qu’il bouscule nos habitudes, c’est passer à côté d’un outil thérapeutique puissant, ancré dans notre biologie.
L’aberration, ce n’est pas de laisser parfois son système digestif au repos. L’aberration, c’est de croire que la santé, surtout dans les grandes maladies, se construit à coups de produits gras, sucrés, ultra transformés, pauvres en nutriments et riches en molécules nocives, au seul prétexte que “il faut bien manger quelque chose”.
La vraie santé se construit
- dans un mental solide et apaisé
- une vision positive de soi et de sa guérison
- une alimentation vivante, riche en nutriments, adaptée aux besoins réels du corps et prise en quantité raisonnable
- une eau de bonne qualité pour soutenir toutes les réactions chimiques de l’organisme
Et parfois, elle passe aussi par l’acceptation de ne pas manger pendant un temps, pour laisser le corps faire ce qu’il sait faire mieux que nous. Retrouver sa propre voie d’équilibre.
Et personnellement…le jeûne me permet de décupler le plaisir des moments de repas.
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